Un son de cheval au galop ou de corne de brume dans la ville ? Place à un engin atypique piloté par l'architecte Luc Schuiten, le frère du dessinateur François. Trois roues, deux derrière et une devant, un moteur électrique et une carrosserie blanche, la Twike roule grâce au pédalier actionné par le conducteur couché. Des yeux noirs, comme ceux d'un animal, sont dessinés sur le devant de la coque.

« Ça fait huit ans que je roule avec. J'ai juste customisé le modèle original et arrangé certaines choses. Cet engin ne fait aucun bruit, ça peut être dangereux car on ne me voit pas arriver. Ma Twike reprend aussi le bruit d'une locomotive à vapeur. C'est à la fois très drôle et ça permet de signaler ma présence sans devoir klaxonner, ce que je trouve insupportable. »

« Créativité et poésie »

Cet adepte des transports citadins a trouvé dans le vélo l'engin parfait pour exprimer toute sa créativité et sa poésie. Depuis des années dans son travail d'architecte et de scénariste avec François Schuiten, il réfléchit à des nouvelles manières d'aménager la ville. Les différentes façons de se déplacer sont aussi une de ses préoccupations.

D'après lui, le vélo correspond au véhicule parfait par son faible impact sur l'environnement, son autonomie et la légèreté de sa structure. Le visionnaire s'amuse à imaginer nos engins du futur. Il en est sûr: l'avenir se fera sur deux roues. « Customiser ou améliorer son vélo, c'est une manière d'intervenir dans la ville en apportant détente et plaisir. »

« Susciter la curiosité et la réflexion »

Son prototype le plus récent, créé il y a deux ans, s'appelle le Tricyclopolitain. Il se compose de trois vélos assemblés et surmontés par une coque en bois ouverte sur les côtés. Une firme strasbourgeoise, spécialisée dans la mobilité innovante, les trottinettes et les vélos électriques, a conçu la structure et Luc Schuiten a fait construire par un ébéniste liégeois la carrosserie en bois recyclé. En roulant son Tricyclopolitain, il veut susciter la curiosité et faire réfléchir les passants. « J'espère initier d'autres envies pour améliorer fortement la façon dont on se déplace dans la ville. Il est temps de faire quelque chose et qu'on retrouve une créativité dans les moyens de transport. »

Inventeur fou ou génie créatif, le scénographe, architecte et auteur n'a pas peur de passer pour un utopiste. « Pour moi, une utopie est un possible qui n'a pas encore été expérimenté. Bien malin qui pourrait dire quelles sont les utopies qui vont se réaliser et celles qui nous feront vraiment rire dans quelques années. »