Acceptez-vous l'utilisation de cookies pour vous assurer une meilleure expérience sur notre site web ?

En savoir plus
Bbb April16 Sarah 016
5

A Leipzig ou à Bruxelles, les trajets se font à vélo pour Sara

article précédent
3

Geoffrey et Amandine ont abandonné leur voiture au profit du vélo

article suivant
Geofetamandinebonplan13
Kardamabonplan3
04

Kardama, le coursier ultra-rapide venu du Nord

Novembre. La première neige paralyse la circulation dans Bruxelles. A Herman-Debroux, une camionnette est bloquée alors qu’elle doit livrer un médicament pour le cœur à un vieil homme qui attend dans une pharmacie. Kardama est appelé à la rescousse. Il fonce vers Herrmann-Debroux, trouve la camionnette, récupère le médicament et poursuit sa route vers la pharmacie où le vieux monsieur le voit arriver incrédule : « à vélo ? Avec cette neige ? ». « Bien sûr ! », répond tout naturellement Kardama.

Kardama, 43 ans, est coursier à vélo et c’est une des belles histoires dont il se rappelle. Il a créé il y a 8 ans la société Pedal. « On cherchait un nom lors d’une réunion dans un bar. Aux toilettes, alors que je cherchais comment ouvrir le robinet, un vieil homme m’a dit : « la pédale, monsieur » ». Kardama ne connaissait pas ce mot en français mais a décidé que ce serait le nom de sa compagnie. Ce n’est qu’après qu’il a appris le double sens mais qu’importe : ça le fait rire.

Kardama est Finlandais, de père allemand et de mère finlandaise. A la fin des années 80, il faisait de la piste. En 1989, il découvre dans un documentaire que des cyclistes se déplacent en ville avec des vélos tels qu’utilisés sur la piste. Une révélation !

« Il n’est même pas nécessaire d’aller vite pour être plus rapide qu’une voiture »

Lorsqu’il arrive à Bruxelles, il se dit – au vu des embouteillages - que c’est la ville idéale pour lancer un service de coursiers. « Il n’existait rien de tel. Les gens ne pensaient pas que le vélo pouvait être plus rapide qu’une voiture. Or, parfois, il n’est même pas nécessaire d’aller vite pour être plus rapide qu’une voiture. Aux Etats-Unis et en Angleterre, quand les gens veulent envoyer un courrier urgent dans leur ville, ils appellent d’office un vélo », note-t-il. Et puis, pour transporter une lettre, une camionnette lui semble disproportionnée.

Sa compagnie travaille pour Food maker ou encore pour des avocats ou des architectes. Il transporte aussi des passeports et des visas. « Tu dois savoir exactement ce que tu fais. La confiance est très importante », précise-t-il.

Il faut aussi une excellente condition physique. Un regard à Kardama le prouve : pas un gramme de trop. Il faut dire qu’il parcourt 80 à 100 kilomètres par jour. Cinq jours voire sept jours sur sept. « Si tu aimes ce que tu fais, même les choses extrêmes ne le sont pas. Tu dois profiter du moment où tu roules. Moi j’aime rouler à vélo et j’apprécie être en ville », confie-t-il. Il s’agit donc plus d’une passion que d’un travail.

« Il n’y a pas de mauvais temps, il y a de mauvaises fringues »

Ce qu’il apprécie aussi ce sont les rencontres. « En moyenne, j’ai 20 commandes par jour. Ca fait 40 portes par jour et autant de rencontres », sourit-il. Qu’il fasse beau, qu’il vente ou qu’il pleuve, peu importe : « il n’y a pas de mauvais temps, il y a de mauvaises fringues », déclare-t-il.

Pour se déplacer, Kardama emprunte les bandes de circulation classiques ; comme les voitures. Vu sa vitesse, il estime que c’est le plus sûr. Mais s’il roule vite, il respecte toujours les règles. « Les meilleurs messengers sont ceux qui arrivent à être invisibles : jamais un coup de klaxon, jamais d’engueulade, jamais un piéton n’a dû reculer pour ne pas se faire bousculer. Je suis contre ces messengers qui foncent sans rien respecter. C’est comme pour le casque : je n’accepte pas qu’un de mes messengers roule sans casque ».

Quand il est congé, Kardama aime… rouler à vélo. « Chaque année, je vais une dizaine de jours à Majorque avec ma famille au moment de mon anniversaire. L’année dernière, ma femme m’a demandé ce qui me ferait plaisir pour ce jour-là. Je lui ai répondu : me lever à 6 heures et aller sur un des sommets de l’île à vélo. Elle m’a dit que j’étais décidément fou », sourit-il.

Un article de Violaine Jadoul

Photos par Gilles Bolland