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Mère et fille au fil de l’eau

Le canal est souvent considéré comme une frontière séparant de facto les quartiers « de ce côté » ou « de l’autre » de la voie d’eau. Pour Vanessa, le canal est plutôt ce qui la relie aux différents coins de la ville de Bruxelles. Toute sa vie privée et professionnelle semble tourner autour de lui. Elle habite près de la Porte de Ninove, a un temps travaillé à Molenbeek avant de rejoindre la commune de Forest.

D’ici à là, c’est par le canal que son chemin passe. A vélo, c’est l’idéal : c’est plat et séparé de la circulation. C’est grâce à lui qu’elle a pu aller travailler à vélo jusqu’à la fin de sa grossesse. Vanessa aimait la petite reine avant de tomber enceinte et l’heureuse nouvelle n’allait pas modifier ses habitudes. Après quelques mois, elle a juste dû ranger son vélo de course version homme et faire adapter le guidon de son autre vélo – de course aussi mais avec une barre diagonale - pour adopter une position plus droite.

« C’était plus confortable pour moi que de prendre les transports en commun. Dans le second cas, il aurait fallu marcher jusqu’à l’arrêt et attendre le tram », confie-t-elle. « Jusqu’à la fin », n’est pas une expression vaine : en selle le vendredi, elle s’est rendue à l’hôpital le lundi et sa fille est née le mardi.

« Elle observe la route et je lui montre des choses »

La naissance de sa fille l’a écartée durant quelques mois de la pratique du vélo. Mais une chose était sûre : la bécane n’allait pas rouiller dans son coin bien longtemps. Dès que Joy a pu se tenir assise, Vanessa a fait installer un siège à l’avant de son vélo. « J’aime bien qu’elle soit installée devant comme ça je la vois et je peux lui parler. Elle observe la route et je lui montre des choses », raconte Vanessa.

Depuis trois mois, la demoiselle découvre donc avec ses propres yeux ce canal le long duquel elle a été bercée durant neuf mois.  Fièrement campée sur son petit siège, Joy accroche ses mains sur l’arc prévu à cet effet. En bouche, sa tétine, sur son nez, des lunettes de soleil pour la protéger de l’astre ou du vent, la fillette ne passe pas inaperçue. Lors de notre séance photo, un monsieur s’arrête pour prendre lui aussi un cliché avec son gsm. « Cela arrive souvent », sourit Vanessa.

Outre le siège, Vanessa a apporté une autre modification à son vélo : deux sacoches sont installées de part et d’autre de son porte-bagages. Elles contiennent le nécessaire pour sa fille – casque, pull, veste… - et accueillent aussi les emplettes. Son vélo, elle l’utilise pour les trajets entre la maison et la crèche située en bordure du canal. On y revient. C’est aussi via le canal qu’elle se rend jusqu’à Forest pour aller travailler. Parfois, Vanessa reprend son ancien vélo de course pour se rendre au boulot ; histoire de profiter d’encore plus de fluidité et de rapidité. « A vélo, je peux compter sur le timing. Je sais que j’arriverai à temps à la crèche alors qu’en transports, si je loupe une correspondance, ce n’est pas garanti », souligne Vanessa.

« C’était il y a cinq ans et ça a tout changé »

Lorsqu’elle est avec sa fille, elle emmène toujours un porte-bébé dans les sacoches de son vélo. « Je calibre mes trajets par rapport aux siestes pour faire en sorte qu’elle soit éveillée sur le vélo », note Vanessa. Une fois arrivées à destination, Joy peut dormir dans le porte-bébé pendant que Vanessa visite un musée, fait les courses…

Lorsqu’elle est arrivée à Bruxelles il y a dix ans, Vanessa utilisait sa voiture et les transports. Puis elle a commencé à recourir aux vélos partagés mais pour se rendre d’Etterbeek, où elle habitait, à Forest, où elle travaillait, c’était long. Alors elle s’est achetée un vélo de course. « C’était il y a cinq ans et ça a tout changé », se rappelle Vanessa. Aujourd’hui elle et son compagnon songent à revendre leur voiture qu’ils n’utilisent quasiment plus. « Il est important pour le futur de Bruxelles de laisser plus de place aux vélos et aux transports en commun. Les gens ne veulent pas lâcher leur voiture parce qu’ils disent que les transports en commun ne sont pas efficaces mais c’est le serpent qui se mord la queue », estime-t-elle. « Moi je souhaite que ma fille soit très tôt habituée au vélo. »

Un article de Violaine Jadoul

Photos par Gilles Bolland